Psychopathologie de la paranoïa
Ariane Bilheran
La paranoïa, psychose fondée sur un délire interprétatif de persécution, échappe bien souvent au diagnostic. «Folie raisonnante» tout autant que fascinante, elle agence un monde illusoire et exerce une emprise contagieuse.
Véritable tyran, le paranoïaque est persécuté par l’angoisse d'être persécuté dans un monde qui lui semble hostile et étranger. Pour s'en protéger, il harcèle, jusqu’à détruire psychiquement celui qui lui résiste.
Cet ouvrage, issu de recherches depuis plus de vingt ans, propose un double regard psychologique et philosophique, décrypte avec précision toute la clinique de la paranoïa et donne des repères efficaces pour le diagnostic. Ariane Bilheran y analyse les alliances entre la perversion et la paranoïa, ainsi que l’infiltration paranoïaque de notre société.
Des thèmes essentiels sont approfondis: le paranoïaque et sa famille, son rapport au temps et à l'espace, ses problématiques d'héritage, de voisinage, mais aussi sa manipulation du langage, sa passion de la justice et de la polémique, la haine, la transgression, etc. La dangerosité de la paranoïa, avec ses passages à l’acte, est étudiée, ainsi que les modes de contagion du délire, dans le rapport totalitaire de la paranoïa au social, aux institutions et au politique.
Ce livre propose des stratégies pour faire face à un paranoïaque, mais également des moyens de s'en protéger ou de s'en défaire.
AVIS DES LECTEURS
«Ma lecture n'est pas celle d'un scientifique mais celle de l'expérience quotidienne de la paranoïa et à ce titre je remercie Ariane Bilheran d'avoir osé explorer cette affection gravissime pour le malade et pour son entourage.
Lorsqu'un mineur est victime d'un viol, on sait et on admet aujourd'hui que le procès de son agresseur lui offrira quelques chances de reconstruction. L'enfant d'un paranoïaque, déconstruit psychiquement de fait, n'a pas droit aux mêmes attentions. Dès lors que la maladie a été repérée – et c'est le meilleur des cas - seul le malade et encore a minima… est pris en compte. Si les victimes, les "cibles", osent demander à comprendre ce qui leur est arrivé ou ce qui va leur arriver: "Circulez! Il n’y a rien à voir !» leur répond-on au nom de la sacro-sainte législation française en matière de santé mentale.
Une des premières qualités du livre d'Ariane Bilheran est de mettre en évidence l'impact de la maladie, de faire une place aux victimes, de mettre l'accent sur la dangerosité de la pathologie. Madame Bilheran tente d'alerter, de proposer des schémas d’analyse, d'informer ceux qui auraient besoin d’avoir des clés pour comprendre, pour juger. Ce sont des pistes qu'elle ouvre! Des propositions de réflexion!
Une autre qualité de l’étude et non des moindres est l'essai d'approfondissement de la caractérisation de la maladie. Distinguée des affections voisines comme la perversité ou la schizophrénie, la paranoïa est décrite dans ses diverses dimensions avec précision et pertinence. Il faut de l’expérience et de la clairvoyance pour parler avec justesse d’une pareille folie.
Ceux qui savent de quoi il s'agit vous remercient Ariane Bilheran. En publiant ce livre vous avez eu le courage de vous exposer et l'humilité de formuler un appel à qui pourrait contribuer à une meilleure connaissance et donc à une meilleure prise en charge des malades et de leurs familles. En France, tout reste à faire, tout reste à comprendre, tout reste à connaître qu'il s'agisse des comportements individuels ou des comportements collectifs engendrés par cette insidieuse pathologie.»
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«Ce livre m'a aidé à décrypter mon enfance auprès d'un parent paranoïaque qui créé beaucoup de confusion dans mon esprit. Je sors de cette lecture libérée du poids de la culpabilité qu'un adulte paranoïaque peut faire porter à son enfant (qui est la cause de tous ses malheurs). La pathologie y est décrite de manière très complète et subtile. Je retiendrais cette phrase: "le paranoïaque ce sent victime de la victime qu'il persécute".
L'auteure fait aussi une analyse plus que pertinente sur notre société paranoïaque de "non-différenciation" dans laquelle la victimisation perpétuelle est en fait un moyen de harcelé tous ceux qui ne partagent pas leurs opinions... car je rappelle "le paranoïaque se sent victime de la victime qu'il persécute".»