7 juillet 2016
Lors de l’interview d’Ariane Bilheran réalisée par Édouard Ballot, nous avons laissé de côté des réflexions inédites, retranscrites ici.
"L’autorité confère d’ailleurs du crédit au pouvoir, en rendant son exercice supportable.
Le verbe latin augere, d’où provient le mot auctoritas, signifie, dans sa plus commune acception, augmenter. La qualité qui, augmentant une personne, constitue son autorité, provient toujours d’un savoir qu’elle est supposée détenir (savoir qui peut avoir été légué par ses ancêtres ou par l’expérience…). L’augmentation du pouvoir par l’autorité lui confère une action civilisatrice, et non destructrice.
De plus, ni le pouvoir ni l’autorité ne sauraient se confondre avec la violence, qui est instrumentale (rapport des moyens et des fins). La violence n’est en effet qu’un outil mis à disposition du pouvoir, qui tente d’user de la contrainte sur autrui, alors que l’autorité exclut la contrainte. Si le pouvoir lie et délie les hommes dans l’espace (il disparaît quand les humains se dispersent et cessent d’agir ensemble), l’autorité légitime le pouvoir car elle les relie dans le temps, en assurant un ordre du monde qui nous relie à nos prédécesseurs et à nos successeurs, par-delà les discontinuités et les ruptures historiques."