11 mai 2008
Le mot « crise » est dans toutes les consciences. Pas un jour sans que les médias, censés médiatiser l’opinion publique, ne nous parlent de la crise du capitalisme, déclinée en crise du pouvoir d’achats, crise boursière, crise économique etc.
Mais qu’est-ce que c’est au fond qu’une crise ?
« krinein » signifie en grec séparer, discerner, juger, faire la part des choses, puis choisir. C’est d’ailleurs le propre de l’esprit critique que d’offrir un raisonnement juste, avec discernement.
Une séparation d’où naît la pensée
Une crise, c’est donc, tout d’abord, un moment de séparation. La séparation n’a pas que des inconvénients ; elle présente l’atout de sortir de la confusion/fusion (prenons l’exemple d’une crise de couple), de se recentrer sur soi pour faire le point.
Seule cette séparation permet de faire advenir la pensée (ainsi la fameuse « crise d’adolescence », qui permet à l’enfant de se séparer de ses parents pour advenir progressivement à lui-même) et du renouveau.
Le latent devient patent
La crise, c’est aussi un moment où les phénomènes explosent, où ce qui était latent ressort et se donne à voir. Voilà de quoi comprendre l’étendue du problème et ses origines. Voilà le temps du discernement.
Le discernement et l’interprétation
Seul le discernement enfin permet de construire un raisonnement juste, dans le temps, et non dans l’urgence. Ce raisonnement sera fondé sur l’interprétation des phénomènes observés. C’est pourquoi la « krisis » est aussi le moment de décision du juge, fondé sur l’esprit de la loi et sur l’interprétation des faits en faveur ou non de telle ou telle sentence.
Sortir d’une crise
Pour sortir d’une crise, il y a généralement trois issues : la fuite, l’urgence (éteindre l’incendie de suite en acceptant de subir ou en faisant semblant de se remettre en question), la séparation temporaire avec remise en cause, discernement et jugement, pour faire renaître un nouvel ordre des choses, fondée sur des racines saines qui soient repensées.
Les deux premières issues évitent au fond de se confronter aux bienfaits de la crise, pour en tirer des bénéfices partagés. Ce sont des issues nécessairement temporaires, qui augmenteront l’intensité de la prochaine crise (comme lors d’une réconciliation de surface, d’où renaîtra une prochaine dispute). Il faut dire que, pour se séparer temporairement, se confronter à soi-même avec remise en question, raisonner avec discernement et prendre une décision, il est nécessaire d’avoir beaucoup de courage. Gageons que les français sauront puiser dans les ressources de leur histoire et de leur culture pour parcourir ce chemin salutaire.
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