Impacts traumatiques de la politique sanitaire actuelle sur les enfants:un constat clinique alarmant
Dernière mise à jour : 27 août 2021
Préambule :
Les auteurs de cette tribune sont les psychologues et pédopsychiatre suivants :
Ariane Bilheran
Dr Régis Brunod
Valérie Chénard
Amandine Lafargue
Marie-Christine Thevenet
(avec l’aide de Laurence Leroy)
à partir également des témoignages reçus de nombreux collègues qui en sont cosignataires.
Seuls les auteurs cités sont habilités à représenter médiatiquement cette tribune.
Toute diffusion partielle ou totale de cette tribune doit faire référence à son lien d’origine, qui comprend la liste des cosignataires à jour :
https://www.arianebilheran.com/post/impacts-traumatiques-de-la-politique-sanitaire-actuelle-sur-les-enfants-un-constat-clinique-alarmant
Pour la France, le 30 novembre 2020
Résumé
Des professionnels en psychologie, psychanalyse, pédiatrie et pédopsychiatrie dressent un constat alarmant au sujet des impacts traumatiques de la politique sanitaire actuelle sur les enfants. Décrivant leurs observations, ainsi que les symptômes relevés dans leurs consultations et analysant les témoignages de parents, enseignants et enfants, ils relèvent de graves perturbations dans le vivre-ensemble et la socialisation, la survenue de nouvelles maltraitances au sein des établissements, une condamnation de la tendresse, de l’empathie et un interdit implicite à l’altérité, une entrave au développement relationnel, psychomoteur ainsi que des régressions dans les apprentissages, une fragilisation majeure de l’autorité bienveillante/contenante et de la posture parentale, une perte de repères structurants et des discours paradoxaux. Le tableau clinique conclut à une souffrance psychique croissante chez les enfants, risquant d’entraîner une explosion de troubles psychiques graves et de passages à l’acte suicidaires.
Introduction
Nous professionnels en psychologie, psychanalyse, pédiatrie et pédopsychiatrie entendons alerter sur les impacts traumatiques de la politique sanitaire actuelle sur les enfants.
Ce traumatisme provient plus généralement d’une effraction du monde des adultes dans le monde des enfants, les adultes étant traités par l’État comme des enfants, et les enfants comme des adultes auxquels l’on supprime la joie de vivre, les loisirs, la socialisation, la projection confiante dans les adultes et l’avenir, la tendresse et l’innocence.
Le discours adressé aux enfants par la politique sanitaire actuelle est un matraquage de peur, de méfiance, de culpabilité, de maladie et de mort. De plus, il s’agit d’un discours d’adultes mortifère qui ne s’adapte pas à l’âge des enfants, et face auquel les enfants reçus en consultation nous paraissent totalement désorientés.
Les symptômes relevés dans nos consultations
Des enfants de plus en plus nombreux surgissent en consultations, avec un tableau traumatique sans équivoque.
Énumérons quelques-uns des symptômes les plus fréquemment rencontrés :
Angoisse, troubles du sommeil, démotivation, retrait émotionnel, baisse d’énergie (liée au manque d’activités, à la surveillance continue, à l’inquiétude de mal faire), asthénie liée à la peur constante (peur de la maladie, peur de mal faire, peur d’enlever le masque, peur de contaminer autrui, peur d’être grondé, peur de l’autre etc.), sidération, anxiété chronique (due notamment à la consigne induite de ne pas tomber malade pour pouvoir rester à l’école), troubles psychosomatiques (qui perdurent de retour à la maison, par exemple : tics, problèmes de peau, troubles respiratoires et asthmatiques inédits pour des enfants ne présentant pas de symptômes antérieurs, bouffées de chaleur qui entravent le sommeil la nuit, migraines, dermatoses…). Le développement de traits hypocondriaques et des retours d’énurésie chez des enfants déjà grands (ex. : enfants de CM2 qui avaient acquis la propreté depuis longtemps) ont également été constatés.
L’on constate une extrême agitation entraînant des diagnostics en chaîne d’hyperactivité (alors même que les enfants n’ont pas d’espace pour jouer et se dépenser à l’école, que leurs activités sportives et culturelles ont diminué au profit d’un temps plus important passé sur les écrans), des régressions dans le langage, des confusions émotionnelles, psychiques et intellectuelles graves entraînant une régression dans les apprentissages, dans l’adaptation et le comportement en société, une diminution de l’altérité, de la coopération et de l’empathie, un repli sur soi, une perte de spontanéité, et des troubles de type dépressifs inquiétants conduisant à une augmentation des idées suicidaires.
Pour certains, l’école est vécue sur un mode désormais phobique[1].
Les troubles traumatiques se lisent en particulier dans le déploiement exponentiel de sentiments de honte, de tristesse et de culpabilité, ainsi que de symptômes dissociatifs, voire d’épisodes de déréalisation.
Les environnements familiaux et éducatifs ne parviennent plus à contenir les angoisses des enfants, tant la politique sanitaire actuelle est intrusive et violente à leur égard, et nous souhaitons en particulier argumenter sur les raisons d’un tel tableau clinique.
La maladie et la mort : un rapport terrorisé au corps et au vivant
Les enfants absorbent tous les jours par les médias et au sein de leurs établissements scolaires le conditionnement d’une peur permanente et latente de la mort.
Le corps est désormais investi principalement à travers la maladie. Il devient un ennemi persécuteur dès l’apparition du moindre symptôme, entraînant sentiment de culpabilité et rejet de l’enfant. De plus, le corps est traqué et investi par des lavages de mains incessants (voire compulsifs) avec du gel hydro alcoolique, ou le signalement du masque mal mis sur le visage.
Le corps de l’enfant est également maltraité dans certaines situations, par exemple des parents dénoncent des situations ubuesques où le recours au casier au collège et lycée est interdit, ainsi les enfants doivent porter des sacs jusqu’à 11 kg, et prendre des itinéraires contraignants et épuisants au sein de l’école pour rejoindre une salle de classe[2].
Dans cet article paru dans le Lancet Child & Adolescent health, les auteurs insistent sur l’impact tragique des mesures politiques d’isolement social sur les enfants et les adolescents[3]. Ils rappellent que les interactions sociales font partie des besoins humains de base, tout comme le besoin fondamental de manger ou dormir. Se sentir insuffisamment relié aux autres a des conséquences négatives profondes et durables sur la santé physique et mentale, et cela peut même aller jusqu’à induire plus de mortalité[4].